PMBOK, PRINCE2, AGILE, DMAIC… : mesdames et messieurs les managers de projets, nous qui maîtrisons et éprouvons ces techniques, avec nos outils de gestion de projet mis au point jusqu’à frôler la perfection, en suivant plusieurs fois par jour nos tableaux de suivi des actions, en appréciant les risques à leur juste valeur, nous les accrocs au planning, les addicts au factuel, les fanatiques du contrôle, pourquoi avec tout cet arsenal d’assurance passons nous notre temps à douter ?

La hantise de passer à côté d’un détail sans doute ! Et nous ne le savons que trop bien dans ce métier : le diable se cache dans les détails !

Alors pour briser cette solitude envahissante lorsque nous sommes exposés au doute, allons faire un tour à la machine à café.

Parce qu’à la machine à café on rencontre d’autres personnes. Dont certaines actives sur nos projets (que l’on vient d’inviter à partager ce moment). Et c’est là, avec ces acteurs, dans cette atmosphère de détente propre à nos cafétérias, au milieu des arômes apaisants du café frais, que nous avons l’opportunité de réajuster notre objectivité, chercher le détail manquant, chasser la vérité travestie.

Celui qui est en retard sur le planning sur lequel il s’est engagé aura toujours du mal à l’exposer face aux autres (qui eux bien entendu sont tous en avance), mais aura plus de facilité à nous le concéder en versant son aspartame dans son café. Celle qui n’a pas commencé son action aura plus d’aisance à dire qu’elle est en cours en comité de projet, et plus d’adresse à avouer qu’elle est en difficulté de charge en remuant le sucre dans son café. Ceux qui sont d’accord sur un plan d’actions en se ralliant à la majorité, exprimeront leurs divergences en solitaire en soufflant sur le rebord de leur tasse. Celui qui ne lit pas les comptes rendus se verra informé de sa contribution en buvant sa première gorgée de caféine. Celle qui n’a pas de réponse, venue également pour briser sa solitude face à ses doutes, repartira réchauffée vers la solution cherchée (« Les gens qu’on interroge, pourvu qu’on les interroge bien, trouvent d’eux-mêmes les bonnes réponses » – Socrate, philosophe grec du Vème siècle av. J.C.). Et le client qui a la mesure de l’avancée de son projet par la lecture des rapports flash hebdomadaires aura une photographie à jour des travaux en terminant sa tasse… avant de s’en resservir une autre en vous invitant à l’accompagner (pour vous soutirer d’autres informations pertinentes, lui aussi connait bien les avantages de sa machine à café).

Personne n’aime être pris en défaut, surtout en communauté. La nature humaine est ainsi faite. Ne la négligeons pas, car aucune méthodologie de la changera jamais. Sortons de nos outils de suivi, mettons un temps de côté notre technique, et allons à la machine à café cogiter sur nos doutes. Là nous y trouverons qui veut se confier, qui veut s’exprimer, qui veut relâcher sa pression, qui veut être orienté, qui veut être rassuré. Car en rassurant certains acteurs de nos projets nous assurons nos projets. Et devenons à leurs yeux plus humains que les machines à Gantt que nous sommes. Ils s’ouvriront alors ensuite plus facilement au milieu de l’équipe projet sur les difficultés qu’ils rencontrent afin de solliciter de l’aide.

What else ? Que faire après ça ? Tout simplement courir, excités par la caféine et l’information capitale ainsi décrochée, vers nos outils et notre technique afin de capitaliser sur cette information pour réajuster nos éléments.
Mais est-ce si simple ?

Est-ce si simple ? Non, car la caféine est un excitant ! Et l’excitation a vite fait de déclencher l’exaltation à se confier, de transformer l’acteur du projet aphone en prolixe, et le manager de projet de profane à néophyte. Le manque de discernement sur l’instant peut alors donner un arrière-goût amer. Faire parler et écouter uniquement ce qui va le lever le doute : voilà comment apprécier un bon café sans crainte de brûlure différée d’estomac. « Ce que tu veux me dire, est-ce vrai ? Est-ce bien ? Est-ce utile ? Sinon je ne veux pas l’entendre. » (Socrate, le même que celui cité plus haut).

Attention toutefois : l’Autorité européenne de sécurité des aliments recommande 4 tasses de café maximum par jour. Ce qui nous laisse le droit à 4 doutes par jour. Au-delà, le doute pourrait être nocif sur notre santé.

L’objectivité est notre métier, la subjectivité pondérée est notre alliée : quand les compétences sont appuyées par des dosettes aux arômes de subtilité et de bienveillance, le PLEIN RESULTAT est atteint avec la manière.
Pour arriver ensemble à temps à destination.

Bonne nouvelle pour celles et ceux qui n’aiment pas le café : ça marche aussi avec le thé !

Et vous ? Avez-vous déjà pris ces cafés bénéfiques ou utilisez-vous d’autres techniques bienveillantes ? Un p’tit café pour en discuter ?

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